Textes

Mourir d'amour

Les personnages des films que je vois ou des livres que je lis me suivent longtemps après leur rencontre.
Là, Ewan Mcgregor s'est invité chez mes parents. Il me regarde coudre dans l'atelier, à l'étage. Il ne dit rien, il est juste là. C'est un rapport assez simple. Nous n'échangeons rien, ni mots, ni regards et ce n'est pas gênant ... enfin, il n'y a pas de gêne entre nous.
Il porte la moustache qu'il a dans le film « Miss Potter » sur la vie de Béatrix Potter. Je suis forcé de repenser à ce film parce qu'il reprend le même cas de figure que le film « Jane » sur la vie de Jane Austen. Elles ne veulent pas forcement se marier mais il le faut absolument dans la société à laquelle elles appartiennent. Mais c'est justement un concept qui ne les intéresse pas, sauf si c'est arrangé par Amour et non leur parents. Elles veulent vivre de leur art, de leur écriture, auquel cas elles n'auraient besoin ni de leur famille ni d'un mari commis d'office pour vivre.
Elles rencontrent chacune un homme qui les font changer d'avis sur le mariage. Et bien sûr, cet Amour est impossible. Les films font semblant que l'histoire finit plus ou moins bien « finalement regardez les gars la vie c'est pas si mal... » Mais ces vies sont précisément si mal parce que même si
les ouvrages de Béatrix Potter et de Jane Austen ont du succès à leur époque et leur permet d'en vivre, l'Amour qu'elles perdent est anéantissant.
Je me dis alors que Ewan Mcgregor doit s'impatienter parce que ça lui plaisait quand je cousais.
Tout ça à part cette derniere phrase me fait penser que je n'ai pas de sentiment qui prennent l'ampleur d'un film où des acteurs joueraient à ma place les déchirement de mon coeur. Ni aucune envergure d'ailleurs et c'est pour cette raison que s'il faut mourir pour quelque chose, mourons pour l'Amour ou justement de ne plus être aimé.
Pour un vrai débat sur la question, il faudrait que je convoque : des chevaliers, plusieurs personnes ayant analysé et appris le sens du mot « Panache », Paris de Troy, toute celles qui se sont scuicidées sur la tombe de Rudolf Valentino, Romeo et Juliette, Tristan et Iseult, Abélard et Eloïse, Johnny Haliday et Léatitia puis George 6 et Wallis Simpson devenu alors Duchesse de Windsor par son mariage avec l'ex-roi d'Angleterre et empereur des Indes, des femmes battues qui restent, celles qui ne restent pas et celles et ceux qui en meurent, Britney Spears et Cécilia, pour le contre argument puis tous les lecteurs acharnés du « Hussard sur le toit », des « Trois Mousquetaires », ou « d'Orgueil et Préjugés » et même tous les lecteurs des Arlequin, ici encore pour le contre argument.
Alors pour l'occasion, j'emprunterai une salle de classe mais au bout de quelques heures, il y aurait tellement de monde à vouloir parler d'Amour que nous sauterons de salle de fêtes en place publique pour finalement arriver au Parc des Princes. Là on vire Johnny, lui disant que ce ne sera pas long, sans savoir de toute façon où nous mènera cette question: vaut-il mieux mourir d'amour ou bien?
Au bout de quelques jours, quelques nuits, la fin et la soif se font sentir mais personne ne veut se désigner pour organiser un système de ravitaillement de peur de rater une parole. Chaque seconde compte, la tension est immense et d'ailleurs Pamela Anderson et Paris Hilton se sont fait ballonner par les papistes qui n'en pouvaient plus de les entendre discourir sur leur conception de l'Amour. Même les Flower Powers n'ont pas protesté sur cette violence-là. Le débat est retransmi à la télévision sur la plupart des chaînes du monde dont la plupart n'osent plus passer de publicité, ils se damneraient plutôt que de couper l'élan des sentiments des personnalité et des amoureux simples ou compliqués qui viennent du monde entier. Toujours plus de monde. L'activité est arrêtée. Tous les trains restent à Quai et les bateaux de commerce et de croisière rejoignent la terre la plus proche.
Pendant ce temps au Parc des Princes, les échanges se font en toutes les langues et dialectes possibles et inimaginables. Un pont aérien est ouvert pour amener des traducteurs qui travaillent sans relâche...mais le débat se morcelle et ils ne savent plus où donner de la voix. Il devient vite évident qu'il n'y a en fait pas plus de cinq personnes qui parlent la même langue mais que pourtant tout le monde se comprend. Ceux qui criaient leur Amour au début commencent à perdre leur voix, ils chuchotent, sussurent....et alors, petit à petit....le monde se laisse mourir en parlant d'Amour.



La toute petite vieille superman

La toute petite vieille superman. C'est elle que je vois à chaque foi passer sous ma fenêtre quand je m'y penche. Elle est très tassée. De là où je suis, on dirait qu'elle est aplatie comme une pièce sur le trottoir. Elle porte toujours d'énormes cabas bourrés de trucs colorés. Elle est toujours là quand je regarde par la fenêtre et toujours autre part quand je sors sur le trottoir. Alors je ne sors plus pour pouvoir garder près de moi la toute petite vieille superman.
Un matin, je suis réveillé par de la musique qui vient du dehors. C'est
"la Macarena" et un air de musique classique qui n'est plus reconnaissable...les deux en même temps. C'est très moche mais très fort et je la vois, elle, la toute petite vieille superman qui avait remplacé ses vieux cabas par de grosses enceintes.
Cela fait des année que la toute petite vieille superman et moi cohabitons sans bruit ni regard croisé. Aujourd'hui, pour la première fois, elle lève les yeux au ciel où je suis et je découvre son visage. Elle me montre ses dents, celles qui sont au milieu du sourire et c'est seulement en voyant ce visage-là que je comprends d'où venait la lumière de toute les journées que j'avais traversées alors.




Le voisin au cerisier


Depuis ce matin plane dans le ciel un immense steak saignant qui déverse sur la ville des océans rouges et lourds. Les rues s’empourprent et le canal s’engourdit.
Je reconnais des voisins qui courent comme moi s’abriter où ils peuvent puis où je peux. Je me retrouve à coté de celui qui à le cerisier. Cette situation me fait presque rire. Je n’ai jamais vu ce mec que de loin, je ne connais d’ailleurs pas son nom et aujourd’hui nous sommes collés l’un à l’autre sous l'auvent minuscule d’une boutique minuscule, se serrant de plus en plus pour éviter les gouttes de sang déviées par le vent. Je ne le regarde pas alors il garde pour moi ce visage lointain et ces traits vagues que je salue parfois ....(pourtant je connais la fréquence des battements de son cœur .)
Il me dit que c’est juste une averse et que ça va passer. On ne peut plus appeler ça une averse, je lui répond, puisque depuis ce matin il plane dans le ciel un immense steak saignant qui déverse sur la ville des océans rouges et lourds. Tu vois bien, les rue sont depuis longtemps pourpres et le canal engourdi. Tu sais je t’ai reconnu de loin parce que je t’ai toujours vu de loin alors c’est de loin que je te reconnais le mieux et je suis venu m’abriter avec toi parce que je voulais te demander si tu avais eu une relation avec ma femme, alors tu vois, ce n’est vraiment pas un hasard et comme maintenant on est tous les deux bloqués là parce qu’aucun de nous n’a envie d’être recouvert de sang, j’aimerais que tu me répondes.
Le mec au cerisier tourne la tête vers moi et je sent son sourire dans mon oreille . J’avais décidé d’être froid et de ne jamais le regarder mais son sourire puis son rire me déconcentrent et j’opte pour le regard en coin qui me révèle qu’en fait je parlais à mon frère Joseph qui riait aux larmes, de plus en plus fort et de plus en plus aux larmes, diluant mes mots, ma honte et le sang puis mon ciel où planait depuis ce matin un immense steak saignant qui déversait sur ma vie des océans rouges et lourd.

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