Textes (portraits)

les vieilles

La vieille dame qui sent l’eau de Cologne et la merde me demande si nous avons eu du beau temps. Elle est rejointe par son amie qui sent la rose et la pisse. Toutes les deux s’étonnent du temps que nous avons eu parce qu’elle n’ont pas eu le même alors qu’elles habitent à deux pas. Et puis elles partent brusquement dans plusieurs éclats de rire en voyant apparaître leurs petits fils qui sont des oiseaux et des papillons à paillettes et à rire.




Maxime

Maxime est à la caisse du supermarché dans lequel il travaille depuis un temps infini et sûrement jusqu’à la fin des temps. Sur son badge il y a écrit MAXIME mais lui pense que ce n’est pas son vrai prénom, que tout le monde se trompe depuis un temps infini et sûrement jusqu’à la fin des temps puisque Maxime ne leur dira jamais qu’il devrait avoir un prénom italien parce qu’un prénom italien irait mieux avec ses cheveux et la façon dont il s’habille et pense le monde. C’est ce que se dit Maxime quand il imagine qu’on lui pose la question.
Tout le temps il garde en tête les musiques qu’il préfère au monde et il se les récite tout le temps pour ne pas les oublier et puis de toute façon, il n’aime pas la musique du supermarché, ni celle du parking, ni celle du bus. Et puis après tout, le reste de sa vie est remplie de voisins bruyants et de chiens qui aboient alors tout le temps il garde en tête les musiques qu’il préfère au monde; pour ne pas les oublier et pour ne pas oublier aussi qu’il devrait porter un prénom italien, alors, il n’est pas vraiment lui mais celui qui interprète en secret depuis un temps infini et sûrement jusqu’à la fin des temps, les plus grandes partitions des plus grands compositeurs.



Le sussurreur

Lui, c’en est un de ceux qui parlent en secret. Cela fait des centaines d’années qu’il susurre à tout va ; Il est à chaque nouvelle seconde embué dans une tendresse qui atténue sa voix et on pourrait avoir l’impression qu’il est fou amoureux de tout, tout le temps...de chaque bouffée d’air qu’il respire, de chaque chose qui se propose à son regard, de chaque mot qui s’échappe des bouches. Il semble amusé de ces rafales d’amour qui étouffent sa voix. Il n’en dit jamais rien. Il accepte sa condition d’amoureux fou susurrant.
Alors il susurre à sa boulangère qu’il voudrait une baguette de pain, il susurre au barman un demi puis un autre, il susurre à sa femme qu’il irait bien à un concert de rock





Oui l’amour

Comme tendrement amoureuse d’elle-même, elle se caresse la nuque avec le pouce, balaie ses cheveux qui sentent toujours bon et s’observe quand elle trébuche.
Et comme son amour est plus fort que le sien et quelle ne peut plus le supporter, elle pleure et hurle devant elle et tant pis si elle se voit dans un état pareil, elle est humaine putain....et elle se regarde être triste à en mourir parce qu’elle se trouve touchante mais putain elle ne veut pas être touchante !
Et comme plus personne ne comprend rien et qu’elle non plus, dans un excès de colère jalouse, elle jette ses lunettes sur le sol et les piétine. Elle dit à voix haute: “maintenant je vivrais en aveugle pour ne plus voir tes pleurs qui me troublent ni tes sourires qui m’ennuient....Je serais seule, maintenant je m’en vais.”
Alors elle met sa deuxième paire de lunettes, fait sa valise et part à jamais




L'autre mec

Tout sont visage vibre quand il est énervé et qu’il n’a pas le droit de l’être. Il croise ses bras contre sa poitrine et serre très fort. Il se serre contre lui au milieu d’une salle vide et subitement plongée dans l’obscurité. Il devient seul et sombre pendant un moment et enfin relâche son étreinte et fait réapparaître le décor et les personnages qui traversaient sa vie avant que le môme des voisins ait coupé toute ses tulipes et tiré au pistolet à billes dans ses couilles.




Elle entre

Elle entre dans la salle mais garde le vent avec elle. Elle le met dans ses cheveux parfois. Elle entre dans la salle et sa démarche est ce qui nous maintient en vie.
En sortant, elle rabat le sol contre les murs puis contre le ciel.

Il fait très beau. J'espère vous revoir très vite.
Bien à vous, Nina...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire