Belvédère/échafaudage


Belvédère/escabeau


Folies





La Folie désigne une architecture dont le sens ou la fonction n’est pas tout a fait respecté. Elle n'est pas forcément habitable ou pénétrable. Par sa forme la Folie suggère sa fonction de lieu de vie ou à vivre et joue ainsi avec ce que l'on sait et ce qui est réellement. Elle questionne et joue des tours au regard. Elle demande au visiteur, devenu regardeur, de remettre en question ses habitudes d'analyse. De cette façon, la Folie est un lien entre le construit et l’imaginaire. Sa présence et sa forme est une intrigue.  

Comme aux Folies Siffait (Le Cellier, Loire Atlantique) par exemple. Je me suis promenée des heures entières, suivant les escaliers, les chemins et les vingtaines de terrasses de pierre et de terre savamment orchestrées en un labyrinthe qui ne me menèrent jamais à une entrée. Je n'étais autorisé qu’à contourner l'architecture monumental. J'ai arpenté les sentiers à la recherche d’une faille, d’un oubli de l’architecte, d’une erreur qui me conforterait dans l’idée qu’il s’agit bien d’une architecture et que l'on peut donc y entrer. Tout est fait pour penser que l’on peut entrer. L’intrigue naît de la gêne que l'on ressent à se tromper. Et il n’y a pas de faille. La fonction est mise de coté au profit de l’imaginaire. Les Folies Siffait sont un château plein. On y entre avec les yeux seulement et ses façades n'enferment que ce que l'on y projette.


Cette découverte à été un élément déclencheur de mon regard porté sur la ville et ses constructions. Ainsi, quand je traverse la ville, ce ne sont pas un ensemble organisé de bâtiments que je vois mais des volumes enchâssés dont les couleurs et les matières se répondent. L’enseignement des Folies appliqué à la ville nous apprend l’incertitude de ce qu’il y a à voir (est-ce une pyramide ? Une ruine ? Une habitation ? Un pigeonnier ? Un bidonville ? Une cabane de chantier ou d’enfant ? Un plongeoir ? Un pont ? Un lien ? Une usine ? Un bunker ? Un container ?). Les Folies parlent de l’équilibre entre ce que l’on voit et ce qui est. Entre ce que ce devrait être et la place qu’elle donne à l’imagination et à ses détournements. Elle joue avec l’équilibre du sens des choses. Et porter un regard différent ou prendre position, décider d'un autre regard c’est aussi questionner ce qu’il y a à voir et le modifier. C’est déjouer l’usage des choses.

Quand on sait jouer, la ville est un terrain de jeu dont la seule règle est que tout est possible.